A la rencontre de l’orgasme divin
A la rencontre de l’orgasme divin
Interview de Margot Anand
Margot Anand, la grande prêtresse du tantra et Fondatrice de la méthode Skydancing Tantra est l’auteure de nombreux livres de Tantra, dont le succès planétaire « Les chemins de l’extase ».
A l’occasion de la sortie de son dernier livre aux éditions Trédaniel : « A la rencontre de l’orgasme divin », notre collaboratrice, Patricia Menetrey, l’a rencontrée à Paris pour Meditationfrance.
Bonjour Margot, dans ce dernier livre, plus personnel, tu parles d’un événement incroyable : ton éveil. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Margot Anand : tu vas tout de suite au dernier chapitre du livre toi !
Tu commences par la fin ! (Rires)
Cela montre que je l’ai lu entièrement.
Dans ce dernier livre, je désirais emmener mes lecteurs dans les coulisses des aventures des différentes initiations qui m’ont amené à fonder ce qui est aujourd’hui l’école du Tantra Sky dancing.
L’existence m’a offert ce cadeau inestimable de vivre un premier éveil, survenu lors de ma toute première expérience sexuelle : faire l’expérience de ce que je nomme un orgasme cosmique. J’ai alors quitté mon corps pour devenir pure lumière, reconnaissant désormais quelle était ma nature véritable. Je savais que j’y retournerai un jour.
Cette expérience de libération m’offrait de vivre un état dans lequel je devenais libre de toutes identifications à nos systèmes de pensées : culture, école, famille, éducation.
Je vivais une libération de l’espace-temps, de la matière, des idées du mental.
C’était tout à fait inhabituel. A cette époque. Paris prônait l’existentialisme, et nos références étaient Beauvoir et Sartre. Nous n’avions alors que faire de choses ayant trait avec une ascension dans les sphères supérieures, dont on parle beaucoup plus facilement aujourd’hui.
Cette expérience m’a fait découvrir que la voie de la sexualité ouvrait vers la spiritualité. Ma vie s’est transformée, je suis devenue une chasseresse de l’extase.
Toutes les personnes qui méditent assidument le savent : il est difficile de ne pas croire qu’un jour un éveil pourrait se produire, nous conduisant au-delà de la dualité, permettant ainsi de réaliser notre nature véritable nommée l’état de Bouddha.
Une fois vécue, cette ouverture d’un élargissement de la conscience laisse la personne qui médite dans une quête permanente, cherchant à l’enraciner, à la faire revivre. Comment trouver une méthode qui puisse ancrer cet état.
Or la contradiction dans cette histoire, c’est que la grâce est un don. Il n’est guère possible de dire : « ok s’il te plait, je suis libre de 5 à 6, alors arranges-toi pour arriver de 5 à 6, parce que c’est seulement là que j’aurai un peu de temps. »
Ça ne marche pas comme ça.
Comme tu le sais, nous faisons tout ce que nous pouvons pour y parvenir. Nous sommes déjà éveillés, mais nous avons comme un voile qui se nomme l’égo.
Ce fameux égo produit divers programmes restrictifs, créés par notre famille, notre culture, notre éducation; nous privant des réalités transcendantales.
Premier amour, premier éveil. Cette expérience sexuelle fut un cadeau inestimable. Souvent les premières expériences sexuelles sont terribles et influencent à vie la suite des vécus. Il devient difficile pour ceux et celles qui l’ont mal vécu de s’ouvrir ensuite à toutes les possibilités qui sont offertes. Je le constate en permanence dans mes groupes ou mes séminaires, la première expérience sexuelle est fondamentale, car c’est elle qui va nous conditionner, en nous ouvrant ou nous fermant à toutes les possibilités qui nous sont offertes par la suite. Cette première expérience conditionne aussi l’opinion que nous avons de nous–mêmes.
L’éveil dont je parle dans mon livre est un éveil qui n’a rien à voir avec la sexualité.
Je vivais en Inde dans l’ashram de mon maître préféré : Osho. Celui que je nomme my root Lama. (En français : lama-racine. Dans le bouddhisme : celui par qui la transmission s’est faite.)
A l’époque, Osho aimait proposer des méditations aux milliers de personnes présentes autour de lui. Une très belle musique était jouée par de vrais musiciens de talent. Après un silence de recueillement, un énorme coup de gong frappé par le très célèbre Nivedano, invitait chacun à lâcher totalement prise et à se laisser choir lourdement sur le sol dans la détente la plus complète. Là était le paradoxe, et la grosse rigolade, car nous étions tous serrés les uns contre les autres, manquant singulièrement d’espace pour méditer, ou lâcher prise.
La voix d’Osho nous invitait à revenir lentement, à retrouver notre corps et à emmener ce Bouddha avec nous tout au long de la soirée et de la journée suivante. Chacun rentrait chez lui pour faire la fête, manger, vaquer à sa vie.
Je rentrais ainsi chez moi, lentement, sentant cette conscience féminine, ce Bouddha féminin comme je la nomme : la Bouddha Shakti, bien présente à toutes choses, les odeurs, les sons, le ciel, les étoiles.
Je décidais de poursuivre cette méditation sur mon coussin de méditation. C’est alors que se produisit comme un son bizarre ressemblant au bruit d’une branche feuillue balayant une surface. C’est ainsi que toute ma vie a chaviré.
Ressentis, colères, sentiments, tout a complètement disparu. C’était comme si une main divine avait essuyé le tableau noir pour effacer tout ce qui s’y trouvait.
Le vide, un grand choc. C’était très calme, très doux complètement différent.
Je suis restée dans cet état un moment et puis je me suis pincée afin de vérifier si c’était bien moi.
J’ai entendu une voix qui disait : « C’est extraordinaire » puis une autre voix répondait : « Non c’est tout à fait ordinaire, c’est toujours comme ça ! »
Après j’ai interrogé « Qui est là ? » La voix a répondu « Personne »
A partir de cet instant j’ai fait l’expérience d’une conscience qui n’est plus emberlificotée dans un égo. Une conscience allégée de toutes charges émotionnelles, du poids du passé. Seule demeure la joie de l’instant présent.
Est-ce que cet état grandit. Est-ce comme un courant continu ?
Osho a dit une chose très juste et je crois savoir qu’il est le seul à avoir dit ça : « L’éveil est un processus qui commence et ne finit jamais. Je pourrais répondre à ta question en disant que le temps est venu de ne pas simplement demeurer sur son coussin de méditation. L’éveil est devenu un évènement collectif. Il ne s’agit plus de s’isoler du monde dans un monastère. Chacun doit devenir un activiste de l’éveil comme le dit un ami.
A partir de l’instant où nous expérimentons des fréquences vibratoires, il s’agit de les répandre autour de soi et dans le monde. Il s’agit de répondre au besoin du monde.
Nos propres besoins ne servent qu’à se mettre au service de l’éveil de l’humanité.
Je me considère comme un petit rouage dans cette histoire en marche. Mon éveil est vécu dans certains moments avec ses phases d’intensité, en constante mouvance. Vivre totalement l’instant présent signifie que je ne sais plus de quoi demain sera fait.
J’achète donc des billets aller simple, et décide sur place lorsqu’il est temps de repartir : demain, après-demain, dans un mois, dans deux mois. Je suis devenue comme l’oiseau sur la branche. Cela me permet de goûter à la vie de manière totale, sans stress.
Je trouve cela merveilleux, cela me donne la possibilité de rencontrer des personnes merveilleuses…comme toi.
Comment intègres-tu la dimension de la méditation dans tes groupes de Tantra ? Est-il possible d’être totalement présent dans l’acte sexuel, alors qu’il est si souvent lié à la peur, aux doutes, aux fantasmes ?
Dans la méditation il y a toujours cette première étape, Shunyata (terme sanscrit signifiant la vacuité) la prise de conscience. La deuxième étape est celle qui permet de développer cette conscience, témoin d’elle-même.
Cette conscience-là qui permet de se regarder et ainsi de décider. Est-ce que je vais dans mes doutes ou vais-je choisir la gratitude ? Là où tous les chemins sont possibles.
Seul mon choix va permettre de les manifester. Ça, c’est INNELUCTABLE : plus nous aurons développé l’art de la méditation, plus nous serons à même d’avoir une expérience amoureuse POSITIVE.
Donc la première chose est la présence. La deuxième est le choix de la direction que l’on prend, c’est à dire de devenir le témoin de soi-même. Osho dit que lorsque deux amants sont dans un lit, ils ne sont jamais seuls ; s’invitent dans la danse les parents, les parents de nos parents, et toute une génération de personnes qui sont là, prêts à donner leur avis sur ce qui est bien ou mal, selon leurs vécus. Avec en prime, la voix du prêtre qui en rajoute. Ce dialogue charrie et transporte toutes les stupidités que l’on a pu recevoir au cours de notre éducation sous la forte l’influence des idioties de la religion. Il faut donc un certain courage pour se rendre compte que la sexualité n’est ni dangereuse, ni risquée.
La religion a peur de l’extase, considérée comme dangereuse. Pourquoi ? Parce qu’un être extatique est un être libre, un libre penseur qui décide seul comment il ou elle va vivre sa vie. Ce n’est plus une personne qui va rester sur les rails, et suivre les dictums de nos politiciens, qui ressemblent plus à des primates qu’autre chose !
Pour en revenir au Tantra, ces textes existent depuis des millénaires et lorsque vous regardez les écritures anciennes, et bien vous vous apercevrez que tous ces enseignements portent sur l’éveil. Il n’y a que 10 pour cent qui s’occupent de sexualité. Tout le reste est consacré aux autres approches de l’éveil.
De retour d’Inde dans les années 70, je me considère comme une des premières personnes à avoir amené la connaissance et la reconnaissance que la sexualité devait être inclue dans les outils de l’éveil. Beaucoup de voies spirituelles l’avaient condamnée et abandonnée, vous enseignant qu’il faut s’arrêter à partir de la ceinture et surtout ne pas partir en-dessous.
Le tantra est une des rares sciences spirituelles qui inclut la notion d’orgasme et d’énergie qui monte à son apogée, comme méthode hautement qualifiée de cultiver l’éveil.
Ce qui vous amène consciemment dans la joie vous ouvre les portes de l’esprit. Ce n’est pas nécessairement sexuel. Mais cela demeure un choix et un choix conscient.
J’invite désormais mes participants à créer leur mantra personnel, remplaçant les pratiques qui consistaient à répéter des bijas (sons racines) Ce mantra est censé vous ouvrir à certaines vertus, à certains états énergétiques qui sont supposés vous ouvrir à la méditation. Nous remplaçons les vibrations du sanscrit par les vibrations du français ou de l’anglais. Le mantra que j’ai développé affirme dans le présent « Je suis une femme orgasmique » Pourquoi ? L’observation de ma propre expérience m’a montré de manière régulières, lors des moments de partager un début d’intimité, et de vivre un moment de sensualité, que mon mental me racontait toutes sortes de choses comme : je ne suis pas prête, je n’ai pas envie, il n’a pas vraiment envie non plus, ça se passerait mieux demain. Du reste, j’ai oublié d’éteindre la lumière du garage, ou le gaz.
Si je suis cette directive-là, j’interromps la session, je me lève pour réaliser que tout allait bien, mais mon énergie a bifurqué, j’ai désormais perdu l’énergie, le fil du moment amoureux, ce délicieux chatouillement électrique au départ de l’affaire.
Alors que si je me répète : je suis une femme orgasmique, le désir se met en marche, ainsi que le rappel du fait d’être présent. Je peux développer les trois clés de la puissance orgasmique qui sont : le souffle, la voix et le mouvement. Il n’est guère possible d’observer le souffle profond et d’être dans son mental. Le pelvis se met alors en mouvement et la voix donne une couleur à notre énergie. Une communication non verbale peut alors s’installer entre les partenaires. Le son donne confiance au partenaire qui sait que tout se déroule bien.
Ce mantra me donne la possibilité de réaliser totalement mon potentiel orgasmique.
Créez-le, et changez en tous les jours si nécessaire, jusqu’à trouver la bonne formule !
C’est une approche.
Qu’aurais-tu à dire aux jeunes qui s’imaginent le tantra comme une pratique hindouiste un peu folklorique, faite d’exercices rituels obsolètes ?
Je répondrai par une histoire qui illustre tout.
Un jour sur une route de Californie, pays où j’ai longtemps vécu, je prends un très jeune auto-stoppeur qui me dit « je vous reconnais, vous êtes Margo Anand, je vous ai entendu il y a bien des années à la radio. Mon père et ma mère suivent vos séminaires, dont j’ai écouté tous les enregistrements. A cette époque j’étais encore un jeune homme vierge. Eh bien, lors de ma première expérience sexuelle, j’ai pensé à vous avec beaucoup de reconnaissance, car j’ai su comment m’y prendre. Et depuis vous êtes restée dans mon cœur, car vos enseignements m’ont beaucoup servi. »
Savoir communiquer. Savoir dire oui, non pas pour faire plaisir à l’autre, mais parce que je suis prêt ou prête. Ceci est une chose que les jeunes ne savent pas toujours faire.
Il existe aussi de nombreux livres. Ceux qui demeurent des ploucs par rapport à la sexualité, excuse-moi mais c’est la voie de la paresse. Il semble qu’en Amérique les personnes sont accros aux sites pornographiques, pourquoi ? Parce la pornographie est de la mécanique, et une mécanique unidirectionnelle, faite pour les hommes. Les femmes y sont traitées comme des trous servant à relâcher les tensions sexuelles des hommes !
Soyez un peu plus délicats, ne commencez pas par la sexualité. Commencez de la manière suivante : asseyez-vous l’un en face de l’autre, faites un namasté (salutation du cœur)
Je t’honore comme un aspect de moi-même, jeune femme, jeune fille, et toi jeune homme je te reconnais comme un aspect de moi-même. Puis élaborez un menu : de quoi j’ai envie ? D’un massage du corps, qui peut devenir un massage plus intime. Osez donner un nom à vos parties intimes, un nom noble, pas un nom issu de l’argot. Les jeunes comme les personnes plus âgées, peuvent le faire, c’est très amusant. Après cela, dites-vous : comment veux-tu être aimée, être touchée, être embrassée ? Passionnément ? Comme la caresse d’une petite plume effleurant tes lèvres ?
Décrivez de la tête aux pieds comment vous désireriez être touchée.
Les personnes ne font jamais cela, passant directement à l’acte, les hormones sont enragées, personne ne sait vraiment comment s’y prendre et la culpabilité et l’envie sont là, bien présentes.
Le tantra de Margot Anand sert à harmoniser les aspects contradictoires de notre personnalité : le cœur dit « ah, il me plait celui-là, je le veux » La tête dit « tu n’y songe pas, ta maman t’a avertie, pas de sexe avant 18 ans ou le mariage. » Tous ces aspects se font la guerre et c’est la confusion totale.
Le Tantra est une science de l’éveil amoureux, un yoga de l’amour. Lorsque notre jeunesse aura pris le temps à partir de 13-14 ans de s’éduquer sur ce sujet, et bien elle aura une première expérience sexuelle réussie, et cela les portera par la suite à une vie amoureuse épanouie.
Aurais-tu quelque chose de personnel à rajouter ?
Je voudrais dire aux jeunes de faire la part de ce qui est tabou, de ce qui est vieille France, et méthodes anciennes. Et de ce qui est la réalité d’aujourd’hui. La sexualité est une bonne chose, si elle est pratiquée en toute sécurité, afin de ne pas attraper toutes ces maladies qui sévissent.
Choisissez en conscience ce qui vous apporte de la joie, cela vous ouvrira la porte de l’esprit.
Livre: A la rencontre de l’orgasme divin
Margot Anand
Aux éditions Guy Trédaniel.
Pour en savoir plus, visitez le site web de l’Institut Tantra Skydancing fondée par Margot Anand (France – Suisse – Belgique)
www.tantraskydancing.com
Interview de Margot Anand
Margot Anand, la grande prêtresse du tantra et Fondatrice de la méthode Skydancing Tantra est l’auteure de nombreux livres de Tantra, dont le succès planétaire « Les chemins de l’extase ».
A l’occasion de la sortie de son dernier livre aux éditions Trédaniel : « A la rencontre de l’orgasme divin », notre collaboratrice, Patricia Menetrey, l’a rencontrée à Paris pour Meditationfrance.
Bonjour Margot, dans ce dernier livre, plus personnel, tu parles d’un événement incroyable : ton éveil. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Margot Anand : tu vas tout de suite au dernier chapitre du livre toi !
Tu commences par la fin ! (Rires)
Cela montre que je l’ai lu entièrement.
Dans ce dernier livre, je désirais emmener mes lecteurs dans les coulisses des aventures des différentes initiations qui m’ont amené à fonder ce qui est aujourd’hui l’école du Tantra Sky dancing.
L’existence m’a offert ce cadeau inestimable de vivre un premier éveil, survenu lors de ma toute première expérience sexuelle : faire l’expérience de ce que je nomme un orgasme cosmique. J’ai alors quitté mon corps pour devenir pure lumière, reconnaissant désormais quelle était ma nature véritable. Je savais que j’y retournerai un jour.
Cette expérience de libération m’offrait de vivre un état dans lequel je devenais libre de toutes identifications à nos systèmes de pensées : culture, école, famille, éducation.
Je vivais une libération de l’espace-temps, de la matière, des idées du mental.
C’était tout à fait inhabituel. A cette époque. Paris prônait l’existentialisme, et nos références étaient Beauvoir et Sartre. Nous n’avions alors que faire de choses ayant trait avec une ascension dans les sphères supérieures, dont on parle beaucoup plus facilement aujourd’hui.
Cette expérience m’a fait découvrir que la voie de la sexualité ouvrait vers la spiritualité. Ma vie s’est transformée, je suis devenue une chasseresse de l’extase.
Toutes les personnes qui méditent assidument le savent : il est difficile de ne pas croire qu’un jour un éveil pourrait se produire, nous conduisant au-delà de la dualité, permettant ainsi de réaliser notre nature véritable nommée l’état de Bouddha.
Une fois vécue, cette ouverture d’un élargissement de la conscience laisse la personne qui médite dans une quête permanente, cherchant à l’enraciner, à la faire revivre. Comment trouver une méthode qui puisse ancrer cet état.
Or la contradiction dans cette histoire, c’est que la grâce est un don. Il n’est guère possible de dire : « ok s’il te plait, je suis libre de 5 à 6, alors arranges-toi pour arriver de 5 à 6, parce que c’est seulement là que j’aurai un peu de temps. »
Ça ne marche pas comme ça.
Comme tu le sais, nous faisons tout ce que nous pouvons pour y parvenir. Nous sommes déjà éveillés, mais nous avons comme un voile qui se nomme l’égo.
Ce fameux égo produit divers programmes restrictifs, créés par notre famille, notre culture, notre éducation; nous privant des réalités transcendantales.
Premier amour, premier éveil. Cette expérience sexuelle fut un cadeau inestimable. Souvent les premières expériences sexuelles sont terribles et influencent à vie la suite des vécus. Il devient difficile pour ceux et celles qui l’ont mal vécu de s’ouvrir ensuite à toutes les possibilités qui sont offertes. Je le constate en permanence dans mes groupes ou mes séminaires, la première expérience sexuelle est fondamentale, car c’est elle qui va nous conditionner, en nous ouvrant ou nous fermant à toutes les possibilités qui nous sont offertes par la suite. Cette première expérience conditionne aussi l’opinion que nous avons de nous–mêmes.
L’éveil dont je parle dans mon livre est un éveil qui n’a rien à voir avec la sexualité.
Je vivais en Inde dans l’ashram de mon maître préféré : Osho. Celui que je nomme my root Lama. (En français : lama-racine. Dans le bouddhisme : celui par qui la transmission s’est faite.)
A l’époque, Osho aimait proposer des méditations aux milliers de personnes présentes autour de lui. Une très belle musique était jouée par de vrais musiciens de talent. Après un silence de recueillement, un énorme coup de gong frappé par le très célèbre Nivedano, invitait chacun à lâcher totalement prise et à se laisser choir lourdement sur le sol dans la détente la plus complète. Là était le paradoxe, et la grosse rigolade, car nous étions tous serrés les uns contre les autres, manquant singulièrement d’espace pour méditer, ou lâcher prise.
La voix d’Osho nous invitait à revenir lentement, à retrouver notre corps et à emmener ce Bouddha avec nous tout au long de la soirée et de la journée suivante. Chacun rentrait chez lui pour faire la fête, manger, vaquer à sa vie.
Je rentrais ainsi chez moi, lentement, sentant cette conscience féminine, ce Bouddha féminin comme je la nomme : la Bouddha Shakti, bien présente à toutes choses, les odeurs, les sons, le ciel, les étoiles.
Je décidais de poursuivre cette méditation sur mon coussin de méditation. C’est alors que se produisit comme un son bizarre ressemblant au bruit d’une branche feuillue balayant une surface. C’est ainsi que toute ma vie a chaviré.
Ressentis, colères, sentiments, tout a complètement disparu. C’était comme si une main divine avait essuyé le tableau noir pour effacer tout ce qui s’y trouvait.
Le vide, un grand choc. C’était très calme, très doux complètement différent.
Je suis restée dans cet état un moment et puis je me suis pincée afin de vérifier si c’était bien moi.
J’ai entendu une voix qui disait : « C’est extraordinaire » puis une autre voix répondait : « Non c’est tout à fait ordinaire, c’est toujours comme ça ! »
Après j’ai interrogé « Qui est là ? » La voix a répondu « Personne »
A partir de cet instant j’ai fait l’expérience d’une conscience qui n’est plus emberlificotée dans un égo. Une conscience allégée de toutes charges émotionnelles, du poids du passé. Seule demeure la joie de l’instant présent.
Est-ce que cet état grandit. Est-ce comme un courant continu ?
Osho a dit une chose très juste et je crois savoir qu’il est le seul à avoir dit ça : « L’éveil est un processus qui commence et ne finit jamais. Je pourrais répondre à ta question en disant que le temps est venu de ne pas simplement demeurer sur son coussin de méditation. L’éveil est devenu un évènement collectif. Il ne s’agit plus de s’isoler du monde dans un monastère. Chacun doit devenir un activiste de l’éveil comme le dit un ami.
A partir de l’instant où nous expérimentons des fréquences vibratoires, il s’agit de les répandre autour de soi et dans le monde. Il s’agit de répondre au besoin du monde.
Nos propres besoins ne servent qu’à se mettre au service de l’éveil de l’humanité.
Je me considère comme un petit rouage dans cette histoire en marche. Mon éveil est vécu dans certains moments avec ses phases d’intensité, en constante mouvance. Vivre totalement l’instant présent signifie que je ne sais plus de quoi demain sera fait.
J’achète donc des billets aller simple, et décide sur place lorsqu’il est temps de repartir : demain, après-demain, dans un mois, dans deux mois. Je suis devenue comme l’oiseau sur la branche. Cela me permet de goûter à la vie de manière totale, sans stress.
Je trouve cela merveilleux, cela me donne la possibilité de rencontrer des personnes merveilleuses…comme toi.
Comment intègres-tu la dimension de la méditation dans tes groupes de Tantra ? Est-il possible d’être totalement présent dans l’acte sexuel, alors qu’il est si souvent lié à la peur, aux doutes, aux fantasmes ?
Dans la méditation il y a toujours cette première étape, Shunyata (terme sanscrit signifiant la vacuité) la prise de conscience. La deuxième étape est celle qui permet de développer cette conscience, témoin d’elle-même.
Cette conscience-là qui permet de se regarder et ainsi de décider. Est-ce que je vais dans mes doutes ou vais-je choisir la gratitude ? Là où tous les chemins sont possibles.
Seul mon choix va permettre de les manifester. Ça, c’est INNELUCTABLE : plus nous aurons développé l’art de la méditation, plus nous serons à même d’avoir une expérience amoureuse POSITIVE.
Donc la première chose est la présence. La deuxième est le choix de la direction que l’on prend, c’est à dire de devenir le témoin de soi-même. Osho dit que lorsque deux amants sont dans un lit, ils ne sont jamais seuls ; s’invitent dans la danse les parents, les parents de nos parents, et toute une génération de personnes qui sont là, prêts à donner leur avis sur ce qui est bien ou mal, selon leurs vécus. Avec en prime, la voix du prêtre qui en rajoute. Ce dialogue charrie et transporte toutes les stupidités que l’on a pu recevoir au cours de notre éducation sous la forte l’influence des idioties de la religion. Il faut donc un certain courage pour se rendre compte que la sexualité n’est ni dangereuse, ni risquée.
La religion a peur de l’extase, considérée comme dangereuse. Pourquoi ? Parce qu’un être extatique est un être libre, un libre penseur qui décide seul comment il ou elle va vivre sa vie. Ce n’est plus une personne qui va rester sur les rails, et suivre les dictums de nos politiciens, qui ressemblent plus à des primates qu’autre chose !
Pour en revenir au Tantra, ces textes existent depuis des millénaires et lorsque vous regardez les écritures anciennes, et bien vous vous apercevrez que tous ces enseignements portent sur l’éveil. Il n’y a que 10 pour cent qui s’occupent de sexualité. Tout le reste est consacré aux autres approches de l’éveil.
De retour d’Inde dans les années 70, je me considère comme une des premières personnes à avoir amené la connaissance et la reconnaissance que la sexualité devait être inclue dans les outils de l’éveil. Beaucoup de voies spirituelles l’avaient condamnée et abandonnée, vous enseignant qu’il faut s’arrêter à partir de la ceinture et surtout ne pas partir en-dessous.
Le tantra est une des rares sciences spirituelles qui inclut la notion d’orgasme et d’énergie qui monte à son apogée, comme méthode hautement qualifiée de cultiver l’éveil.
Ce qui vous amène consciemment dans la joie vous ouvre les portes de l’esprit. Ce n’est pas nécessairement sexuel. Mais cela demeure un choix et un choix conscient.
J’invite désormais mes participants à créer leur mantra personnel, remplaçant les pratiques qui consistaient à répéter des bijas (sons racines) Ce mantra est censé vous ouvrir à certaines vertus, à certains états énergétiques qui sont supposés vous ouvrir à la méditation. Nous remplaçons les vibrations du sanscrit par les vibrations du français ou de l’anglais. Le mantra que j’ai développé affirme dans le présent « Je suis une femme orgasmique » Pourquoi ? L’observation de ma propre expérience m’a montré de manière régulières, lors des moments de partager un début d’intimité, et de vivre un moment de sensualité, que mon mental me racontait toutes sortes de choses comme : je ne suis pas prête, je n’ai pas envie, il n’a pas vraiment envie non plus, ça se passerait mieux demain. Du reste, j’ai oublié d’éteindre la lumière du garage, ou le gaz.
Si je suis cette directive-là, j’interromps la session, je me lève pour réaliser que tout allait bien, mais mon énergie a bifurqué, j’ai désormais perdu l’énergie, le fil du moment amoureux, ce délicieux chatouillement électrique au départ de l’affaire.
Alors que si je me répète : je suis une femme orgasmique, le désir se met en marche, ainsi que le rappel du fait d’être présent. Je peux développer les trois clés de la puissance orgasmique qui sont : le souffle, la voix et le mouvement. Il n’est guère possible d’observer le souffle profond et d’être dans son mental. Le pelvis se met alors en mouvement et la voix donne une couleur à notre énergie. Une communication non verbale peut alors s’installer entre les partenaires. Le son donne confiance au partenaire qui sait que tout se déroule bien.
Ce mantra me donne la possibilité de réaliser totalement mon potentiel orgasmique.
Créez-le, et changez en tous les jours si nécessaire, jusqu’à trouver la bonne formule !
C’est une approche.
Qu’aurais-tu à dire aux jeunes qui s’imaginent le tantra comme une pratique hindouiste un peu folklorique, faite d’exercices rituels obsolètes ?
Je répondrai par une histoire qui illustre tout.
Un jour sur une route de Californie, pays où j’ai longtemps vécu, je prends un très jeune auto-stoppeur qui me dit « je vous reconnais, vous êtes Margo Anand, je vous ai entendu il y a bien des années à la radio. Mon père et ma mère suivent vos séminaires, dont j’ai écouté tous les enregistrements. A cette époque j’étais encore un jeune homme vierge. Eh bien, lors de ma première expérience sexuelle, j’ai pensé à vous avec beaucoup de reconnaissance, car j’ai su comment m’y prendre. Et depuis vous êtes restée dans mon cœur, car vos enseignements m’ont beaucoup servi. »
Savoir communiquer. Savoir dire oui, non pas pour faire plaisir à l’autre, mais parce que je suis prêt ou prête. Ceci est une chose que les jeunes ne savent pas toujours faire.
Il existe aussi de nombreux livres. Ceux qui demeurent des ploucs par rapport à la sexualité, excuse-moi mais c’est la voie de la paresse. Il semble qu’en Amérique les personnes sont accros aux sites pornographiques, pourquoi ? Parce la pornographie est de la mécanique, et une mécanique unidirectionnelle, faite pour les hommes. Les femmes y sont traitées comme des trous servant à relâcher les tensions sexuelles des hommes !
Soyez un peu plus délicats, ne commencez pas par la sexualité. Commencez de la manière suivante : asseyez-vous l’un en face de l’autre, faites un namasté (salutation du cœur)
Je t’honore comme un aspect de moi-même, jeune femme, jeune fille, et toi jeune homme je te reconnais comme un aspect de moi-même. Puis élaborez un menu : de quoi j’ai envie ? D’un massage du corps, qui peut devenir un massage plus intime. Osez donner un nom à vos parties intimes, un nom noble, pas un nom issu de l’argot. Les jeunes comme les personnes plus âgées, peuvent le faire, c’est très amusant. Après cela, dites-vous : comment veux-tu être aimée, être touchée, être embrassée ? Passionnément ? Comme la caresse d’une petite plume effleurant tes lèvres ?
Décrivez de la tête aux pieds comment vous désireriez être touchée.
Les personnes ne font jamais cela, passant directement à l’acte, les hormones sont enragées, personne ne sait vraiment comment s’y prendre et la culpabilité et l’envie sont là, bien présentes.
Le tantra de Margot Anand sert à harmoniser les aspects contradictoires de notre personnalité : le cœur dit « ah, il me plait celui-là, je le veux » La tête dit « tu n’y songe pas, ta maman t’a avertie, pas de sexe avant 18 ans ou le mariage. » Tous ces aspects se font la guerre et c’est la confusion totale.
Le Tantra est une science de l’éveil amoureux, un yoga de l’amour. Lorsque notre jeunesse aura pris le temps à partir de 13-14 ans de s’éduquer sur ce sujet, et bien elle aura une première expérience sexuelle réussie, et cela les portera par la suite à une vie amoureuse épanouie.
Aurais-tu quelque chose de personnel à rajouter ?
Je voudrais dire aux jeunes de faire la part de ce qui est tabou, de ce qui est vieille France, et méthodes anciennes. Et de ce qui est la réalité d’aujourd’hui. La sexualité est une bonne chose, si elle est pratiquée en toute sécurité, afin de ne pas attraper toutes ces maladies qui sévissent.
Choisissez en conscience ce qui vous apporte de la joie, cela vous ouvrira la porte de l’esprit.
Livre: A la rencontre de l’orgasme divin
Margot Anand
Aux éditions Guy Trédaniel.
Pour en savoir plus, visitez le site web de l’Institut Tantra Skydancing fondée par Margot Anand (France – Suisse – Belgique)
www.tantraskydancing.com